Histoire médiévale en vallée d'Azergues

H I S T O I R E      M E D I E V A L E     
E N      V A L L E E      D ' A Z E R G U E S
Événements historiques marquants du IXème au XIIIème siècles en vallée d'Azergues
Le nom d'Azergues proviendrait de l'Arabe « Al Zerga - Az Zerga » signifiant la bleue. Appellation due à l'abondante végétation qui borde ses rives. Pour d'autres, il proviendrait de « as / ans » : racine en rapport avec l’eau dans Anse, l'Azergues se jette dans la Saône à Anse.

Mais le nom d'Azergues provient certainement de l'association des noms de deux ruisseaux, l'Aze et l'Ergues, qui se rejoignent pour former l'Azergues sur la commune de Claveisolles.

Le Beaujolais fut d'abord une baronnie qui était possédée au IXe siècle par Guillaume, comte du Lyonnais et du Forez, mort en 900. À sa mort, la baronnie échut à son fils Bérard qui fut le premier à porter le titre de sire de Beaujeu. Cette première maison s'éteignit en 1265, en la personne de Guichard V.



ALIX

Avant la Révolution, Alix n’est pas une paroisse et dépend de Marcy mais abrite un très ancien prieuré, dépendant de l’abbaye de Savigny.

Ce Prieuré de Bénédictine aurait été créé à Alix au VIIIème ou IXème siècle par Guichard de Beaujeu. Il dépendait, dès l’origine, de l’Abbaye Saint-Martin de Savigny, près de l’Arbresle.
C’était un couvent administré par une Prieure, mais sous l’autorité d’un grand Prieur de Savigny.
Des actes de transactions conservés aux archives départementales du Rhône, datés du Xème au XVIIème siècle, attestent de l’existence quasi ininterrompue du monastère.



BOIS-D'OINGT

En 994, la Charte de dénombrement des possessions de l'Église métropolitaine de Lyon mentionne l'église de Sancti Martini de Busco (ou Buxo). Le nom Buxum iconium est cité pour la première fois en 1030 dans le cartulaire de l'abbaye de Savigny (le plus ancien monument de l'histoire du Lyonnais avec le petit cartulaire d'Ainay).

Le nom du village provient d'une déformation de buis (buxum), les moines de l'abbaye de Savigny ayant défriché les terres du Bois d'Oingt, couvertes de buis, pour les rendre propres à la culture : céréales, vigne et chanvre. La pratique de ces cultures à travers les siècles a façonné l'état actuel des hameaux.
Jusqu'à l'annexion du Lyonnais à la France en 1314, le Bois d'Oingt fut situé dans une zone dépendant du Saint-Empire romain germanique. Toutefois, l'empereur donna à l'archevêque de Lyon, qui le représentait, une large autonomie. En 1193, Renaud de Forez devint archevêque de Lyon et voulut renforcer son emprise : il décida de construire toute une série de châteaux. Celui du Bois-d'Oingt, construit entre 1220 et 1226, faisait partie de cet ensemble, et était l'un des plus importants, en taille et en nombre de maisons. D'après l'abbé Bérard, un souterrain complétait ce système défensif, reliant les châteaux du Bois-d'Oingt, d'Oingt et de Châtillon.



CHAMELET

Le bourg fortifié de Chamelet était, au XIIe siècle, le siège d'une châtellenie qui fut cédée aux sires de Beaujeu par les comtes de Forez. Lors du procès-verbal établi en 1560 à l'occasion de la prise de possession du Beaujolais par le duc de Bourbon-Montpensier, il est mentionné que le château était déjà ruiné à cette époque. On trouvait également sur la paroisse de Chamelet deux fiefs dont l'existence est attestée dès la fin de la période médiévale : celui de Vaurion (fin XIIIe) et celui de Chameyré (XVe), tous les deux tenus vers 1460 par des familles nobles portant ces noms.


CHAZAY D'AZERGUES

Le fief et la seigneurie de Chazay appartiennent à l'abbaye d'Ainay à partir du Xème siècle et jusqu'en 1789.

Entre les XIIème et XIIIème siècles, Chazay était défendue par trois enceintes. La muraille fut détruite à la demande du cardinal de Richelieu.


CHESSY

L'histoire de Chessy est marquée par la présence de mines de cuivre. Ces mines de cuivre de Chessy et de Sain-Bel auraient été exploitées à l'époque romaine puis abandonnées, avant la reprise de l'extraction au XVe siècle


CIVRIEUX-D'AZERGUES

Le nom Civrieux provient du nom d'un légionnaire romain, Ceverrius ou Severius, ayant reçu ces terres comme récompense à ses services lors de la conquête de la Gaule par les Romains, d'où le terme « severiacus » (propriété de Sévère) qui sert d'étymologie à Sévériennes et Sévériens, nom des habitants de Civrieux.


LE BREUIL

Aucune trace d'occupation n'est attestée pendant la période romaine, tant au niveau archéologique que bibliographique. Toutefois, une villa de Broalias est mentionnée dès le Xe siècle dans le cartulaire de Cluny.


LEGNY

Selon Jacques Gonnet, les formes anciennes du nom de Légny sont Laigneu, Leigneu, Laineu, Lenya, Leygny. Plusieurs suppositions s'en dégagent : la première est que les habitants de Légny auraient été des bergers vendant la laine de leurs moutons. Une autre étymologie fait penser aux Lénées, fêtes athéniennes en l'honneur de Bacchus, que l'on célébrait au temps des vendanges. Selon Paul Charrondière, Légny, appelé Laniacus en 1005, est, peut-être, formé sur la base prélatine « lin », désignant un cours d'eau, mais peut-être aussi issu du latin « linea » (limite) ou du nom d'un Romain appelé Lagnus.


MORANCE

D'après une légende locale, le village de Morancé aurait été créé par une colonie sarrasine au début du VIIIe siècle pour échapper à Charles Martel.

L'église de Morancé, dont le cœur remonte au VIIIe siècle, pourrait avoir été bâtie par ces Sarrasins, qui en auraient fait leur première mosquée. Dédiée à Notre Dame, cette église fut jusqu'en 1379 celle du prieuré des dames Bénédictines qui relevaient de Saint Pierre à Lyon.

En 815, le roi Lothaire Ier fait don aux religieuses de domaines importants au comté de Maurensis ou Moriensis.

Le bourg est donc à l'époque chef-lieu d'un comté. Une noble famille prit le nom de Morance.

En 1200, les De Morance vendent le village aux De Chiel, puis vendu aux abbés d'Ainay, puis aux Dugue, puis légué à Octance de Chaponnay (1661).



OINGT

Oingt fut un castrum romain bâti en vue de Lyon sur la voie romaine d’Anse à Feurs, alors nommé Yconium. Les Romains y introduisirent rapidement la culture de la vigne.

La première mention de la seigneurie d'Oingt figure dans le cartulaire de l'abbaye de Savigny : dans un acte de 1093 y est mentionné Umfred d’Oingt dont les descendants exercèrent la seigneurie sur le village jusqu’en 1382.
Au XIIIe siècle, Guichard III seigneur d'Oingt fit construire un château à motte. On doit à cette famille seigneuriale plusieurs constructions aux alentours (en particulier le château de Châtillon d'Azergues) ; la seigneurie d'Oingt s'étendait bien au-delà du village actuel. On peut admirer dans le village d'Oingt de nombreux vestiges du XIIIe siècle du château Neuf, comme la porte du Nizy, le donjon d’où l’on domine toute la région de la vallée d’Azergues, l’ancien logis seigneurial. L'actuelle église est l'ancienne chapelle castrale.



SAINTE-PAULE

L'origine du nom vient de la sainte Paule, dame romaine, morte à Bethléem en 404, où elle fonda plusieurs monastères. L'église sera le point départ de la paroisse. Sainte-Paule, annexe de Saint-Laurent d'Oingt, dépend de la sénéchaussée de Lyon et de la justice de la vicomté de Bagnols.
En 1078, l'église de Sainte-Paule est donnée à l'abbaye de Savigny. De cette ancienne église, il reste quelques éléments remarquables.



SAINT-JUST-D'AVRAY

Saint-Just-d'Avray dépendait au Moyen Âge de la petite seigneurie de Chamelet, à l'instar de Dième ou encore de Cogny. À propos du territoire, Pierre Louvet écrivait dans son Histoire du Beaujolais paru vers 1640 : « Ce pays et les environs portent de fort bon blé mais peu de vignes, si ce n’est du côté de Cogny où encore les vins ne sont pas les meilleurs. » De manière plus générale, la région de Saint-Just-d'Avray, appartenait aux sires de Beaujeu.


SAINT-LAURENT-D'OINGT

À l'origine, les terres de Saint-Laurent-d'Oingt appartenaient à Gaucerand de Sémur (aussi appelé Gaucerannus Libretz), dont le père, Fredeland de Semur, et son épouse Richarde, donnèrent, le 1er août 1000, à l'abbaye de Savigny, l'église de Saint-Laurent. L'abbaye y établit un prieuré, et le premier acte concernant Saint-Laurent-d'Oingt se trouve dans un terrier de l'abbaye de Savigny. Saint-Laurent-d'Oingt est mentionné dans le cartulaire de l'abbaye sous la forme Sanctus Laurentius de Iconio.

Il y eut d'abord qu'un célérier dans l'abbaye de Savigny, mais on fut obligé de diviser sa charge : le nom de Saint-Laurent, qu'on donnait au petit cellérier, vient de ce qu'on unit le prieuré de Saint-Laurent-d'Oingt à cet office. Le grand prieur de Savigny était en même temps prieur et cellérier de Saint-Laurent-d'Oingt et nommé à la cure. Les bénédictins défrichèrent les terres et les concédèrent à ses premiers habitants moyennant une dîme.

Dalmas Ier succéda à Gaucerand dans la baronnie de Sémur et la seigneurie de Saint-Laurent. La seigneurie se trouvant aux confins du Lyonnais et du Beaujolais était isolée et mal fréquentée. Damas Ier demanda à Guichard le Vieux, Seigneur d'Oingt (Senior de Iconio), fils d'Umfred d'Oingt, de protéger l'abbaye de Savigny contre les tentatives de spoliateurs. Son fils, Falque (Falco) d'Oingt, protégea aussi l'abbaye de Savigny. Cet exemple ne fut pas suivi par Robert d'Oingt dont une charte de 1128 nous apprend qu'il renonça toutefois à ses prétentions sur les prières de l'abbé, et qu'il s'engagea pour lui et ses successeurs à respecter les possessions de l'abbaye.



THEIZE

La première mention de Theizé est relatée au XIe siècle : le village vit dans l'ombre de son puissant voisin, Oingt, dont les seigneurs dominent la région.

En 1217 puis en 1221, Guichard III d'Oingt, dépensier, demande de l'argent à son seigneur-suzerain, le comte-archevêque de Lyon, Renaud de Forez. En échange, celui-ci lui demande de céder ses droits et usages sur la paroisse de Theizé à l'abbaye de Savigny : Theizé entre dans l'orbite de Lyon (et de Savigny) jusqu'à la Révolution.



TERNAND

Le promontoire rocheux barrant la vallée de l'Azergues a été occupé très tôt, probablement dès l'époque romaine.
Au XIIe siècle, Ternand devient propriété des archevêques de Lyon qui en font une place forte.


Histoire de Ternand
L'histoire précoce mais tourmentée d'un site défensif.
Les silex taillés retrouvés à proximité du village semblent prouver que ce site facilement défendable a été occupé dès l’âge de la pierre polie.

En raison de son emplacement et de la proximité de l’eau, les peuplades Ségusiaves y séjournèrent jusqu’à l’invasion de Jules César.

Ternand a conservé le souvenir d’une toponymie gauloise consécutive aux invasions celtiques entre 1200 et 800 avant notre ère.

A partir du Ier siècle avant Jésus-Christ, ce nid d’aigle est occupé par les Romains qui ont compris l’intérêt militaire et stratégique que représentait cet emplacement, offrant un point de vue idéal pour la surveillance des voies de communication.

Au Vème siècle, lors des invasions barbares, les Burgondes s’installent autour de Lyon.

Pendant la première moitié du VIIIème siècle, les Arabes vécurent sans doute quelques temps à Ternand.

Ternand sort de l’ombre au Xème siècle et est mentionné pour la première fois en 960 au Catulaire de Savigny. Une charte de donation mentionne que Reimond et sa femme Ostende donnent à l’Abbaye de Savigny une partie de leurs biens situés « au pays de Lyon, Vicairie de Tarnan, au village du Breuil... » Ternand est alors dès le milieu du Xème siècle chef-lieu d’un vicariat ou ager important (Ager Ternantensis) puisqu’il semble avoir regroupé jusqu’à 32 paroisses. En 1013, la venue du Comte Arthaud Thentherge donne la villa de Cervieu dans l’ager de Ternand. Une nouvelle mention de l’ager de Ternand est faite en 1023.

Le cartulaire de Sévigny nous apprend qu’en 1046 un certain Gauceran (ou Gauzerand ?), sa femme et leurs deux fils firent don à l’Abbaye de Savigny de l’Église Saint Jean-Baptiste de Ternand et de l’église Saint-Victor située à quelques 500 mètres au Nord. A cette date, il y avait donc deux églises à Ternand. Il semble que l’église Saint Jean-Baptiste ait été l’ancienne église paroissiale en raison de l’ancienneté de son vocable. le patronage de Saint-Victor, peu courant dans notre région, ne semble pas avoir été trouvé antérieurement au Xème siècle.

En 1173, le bourg de Ternand fait partie des places fortes échangées lors du traité de partage entre les Comtes du Forez et l’église de Lyon.

Ce traité qui mettait ainsi fin aux luttes d’influences que se livrèrent pendant plus de deux siècles les archevêques et les comtes, consacrait un échange de domaines et de droits : le Comte Guigue de Forez abandonnait à l’église de Lyon les pays du Rhône et de la Saône, tandis que l’Archevêque Guichard de Pontigny cédait au Comte toutes les possessions qu’il détenait dans les pays de la Loire.

Le permutatio de 1173, approuvé par les papes Alexandre III, Lucius II ainsi que par le roi Philippe II Auguste, séparait nettement le Forez du Lyonnais et reconnaissait aux archevêques le titre de Comtes de Lyon.

Ils allaient de ce fait pouvoir remettre de l’ordre dans leurs possessions, organiser la reprise en fiefs des châteaux existants qui échappaient à leur souveraineté et faire bâtir d’autres châteaux, commecelui de Ternand, dans les régions qui en étaient dépourvues.


La domination des archevêques de Lyon

Si un prieuré bénédictin relevant de l’Abbaye de Savigny y fut fondé, le village semble avoir toujours été la possession des archevêques de Lyon.

A la fin du XIIème siècle, en 1190, l’un d’entre eux, l’anglais Jean dit Belles-mains (1182 -1193) fait élever des fortifications autour du vieux bourg de Ternand pour le protéger du brigandage et des attaques des « routiers » (soldats au chômage) qui hantent la vallée, et faire face à la place forte voisine de Chamelet, aux mains des Sires de Beaujeu qui étaient en lutte permanente avec leurs voisins.

Ternand était donc la clé des possessions des archevêques de Lyon dans la Vallée de l’Azergues, face aux Sires de Beaujeu, propriétaires de Chamelet.

Dans le même temps, Jean de Belles-mains fait également réaliser, à ses frais, des aménagements au château, lieu de résidence champêtre des évêques de Lyon.

Entre 1199 et 1226, son successeur, Renaud de Forez, frère de Guigue II, Comte de Forez remanie la système défensif du Bourg, le dote de fossés et de nouvelles fortifications. C’est également lui qui fait bâtir en 1210 le puissant donjon de 31 mètres dont un pan de mur subsiste et se dresse au dessus du Bourg. Complétant ainsi l’œuvre de son prédécesseur, il fait du bourg de Ternand une place forte où les habitants se sentaient en sécurité et où les paysans d’alentour pouvaient trouver refuge en cas de nécessité.

Au XIVème siècle, on trouve de nombreuses mentions de Ternand désigné comme castrum à propos des tenures de fiefs.


 




La catastrophe de 1562

C’est la période des guerres de religions. Le baron des Adrets et ses bandes « huguenotes », qui occupent Chamelet, ont déjà saccagé et pillé le riche chapitre des Dames Nobles d’Alix. Ils viennent mettre le siège devant Ternand.

Ils investissent la place, et au bout de quelques jours réussissent à pratiquer une brèche dans l’enceinte. La tradition indique encore la place.

Après une lutte acharnée, le saccage eut lieu. Les défenseurs furent égorgés, le village fut pillé et incendié en partie. Le donjon et les fortifications furent démantelés, les sépultures furent profanées.

En partant de Ternand, le baron des Adrets alla en face détruire la place forte d’Oingt, qui après une vaillante défense, fut presque entièrement rasée.


 

Sous l’ancien régime

Ternand reste paroisse et seigneurerie dans le Lyonnais, l’archevêque garde la justice sur la paroisse et sur une partie de celle de Sainte-Paule et du Bois d’Oingt. Les archevêques ne firent jamais relever leur château. Lorsqu’ils visitaient Ternand, ils recevaient l’hospitalité des seigneurs de Ronzières, fief situé à l’est du village.

Le domaine appartint au XVIIème siècle à la famille de Saint Lagier, au XVIIIème siècle aux Sabatins, avant de devenir en 1813, la propriété du célèbre chanteur Elleviou.




Aux XIXème et XXème siècle

La vie du village est d’abord agricole et vinicole, mais par la beauté de son site et l’importance de ses vestiges archéologiques, font de Ternand aujourd’hui une destination touristique appréciée.

Jean Elleviou, célèbre chanteur au XIXème siècle vécut à Ternand et y devint maire.
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